Le Mini Sparfel est aussi invité

Rhaaaa làlàlàlà, y a pas à dire, sa maman est une chouette maman: déjà, elle ne l'a pas rouspété pour le coup des deux boîtes de macarons mangés en cachette, quelle idée aussi de laisser traîner des gâteaux à portée de regards et surtout de dents! Parfois, il se demande à quoi peut penser sa mère?? Elle peut être bizarre des fois et elle a de temps en temps un sourire rêveur sur les lèvres et les yeux qui brillent: encore un truc de grand encore!
Bref, il lui avait sorti le grand jeu de regards tristes et larmoyants quand il avait appris qu'elle avait reçu des invitations pour assister chez les Jouarre à une cérémonie de remise d'il ne savait trop quoi. Tout ce qu'il savait c'est qu'il s'était bien amusé lors des joutes de Vignory avec Antthonin et Tristan et il espérait les revoir. Sa panoplie, très large, de charmeur invétéré, ayant fait son office, il se présenta, escorté du grand Cortès, à la grille du château des Ducs de Jouarre.

Dis Cortès? Tu peux me porter pour que ze puize zonner la closse??? Z'adore ça^^. Et pis, tu crois qu'on zera oblizé d'attendre longtemps pour qu'on nous ouvre? Z'espère que le garde il est moins ronchon que toi! Zinon, on n'est pas entré. Bon, z'ai un mot écrit pas maman dans ma posse, ze penze qu'il faudra que ze le donne au garde: tu crois qu'il zait lire? Il sortit le parchemin et vérifia qu'il y avait bien le sceau de sa mère dessus. Elle lui avait dit qu'elle devait se préparer, qu'elle ne savait pas quelle tenue mettre, il n'avait osé rien dire mais bon, côté robes et froufrous, elle en avait des armoires entières! En plus, il avait surprit un pigeon venu des Doigts d'Or: elle avait commandé une tenue de cavalière. Il adorait sa mère mais jamais elle ne trouverait d'époux si elle dépensait tout en robes aux Doigts d'Or. Mais au fait, il faudrait qu'il la tanne pour quelques tenues, pas de raison qu'il n'y ait qu'elle à en avoir!

Il plissa les yeux tandis que Cortès le soulevait pour qu'il fasse tinter la cloche et crut apercevoir un carrosse avec des armoiries ducales. D'autres invités peut-être??? Et si??? Nooon... Arthur ne rêve pas, tu as déjà eu la chance de voir TA princesse, TA reyne lors des joutes de Champagne, ce serait miracle qu'elle soit ici aussi!!!
Il fit tinter la cloche et cria:

HOUHOUUUUUUUU!!! Y a quelqu'un??? N'ayez pas peur, on n'est pas des messants, on est avec Dame Hersent! Elle est zuste un peu en retard!

Et de rester sur les épaules de Cortès, souriant de toutes ses quenottes. Le château était vraiment très beau, et trèèès grand pas comme celui de sa maman. Mais elle n'était pas duchesse, elle, mais elle était sa maman et c'est ce qui comptait le plus.

Aldric avait été prévenu de la cérémonie et du nombre d'invités, la cloche allait donc retentir à de maintes reprises en cette journée. Le vieux garde bourru se demandait toujours comment autant de monde faisait pour arriver de façon si disparate. Pas une fois x était arrivé en même temps que y ou que z ... Non, chaque invité se faisait un malin plaisir d'arriver une fois que la grille avait été soigneusement refermé et que le chef de la garde de la mesnie s'en était retourné dans sa maisonnée, las d'attendre le suivant.

Enfin, comme vous l'aurez tous compris, le vieux barbu n'était pas dans un bon jour. Donc dès lors que la cloche retentit pour la première fois de la journée, il se présenta d'un pas pressé d'en finir à l'entrée du domaine. Sa mine bourrue fut toutefois plus qu'adoucie en voyant le petit homme perché sur les épaules d'un grand gaillard.

Sa journée ne débutait pas si mal que cela en fait.

Bien le bonjour jeune homme. Petit sourire à semi caché par la barbe pour une fois correctement entretenue du garde. Viendrais tu pour la cérémonie ?

Alors qu'Arthur était plongé dans la contemplation du carrosse non loin de Cortès et lui, il fut surpris par une voix d'homme grave et goguenarde: il revint sur terre, car ses pensées s'envolaient vers SA princesse des meringues qui était peut-être dans le carrosse d'ailleurs.

Bonzour, zieur garde, ze zuis Arthur d'Ar Sparfel, le fiz de Dame Hersent d'Ar Sparfel, elle est Capitaine Royal de Champagne et elle est l'amie de plein de monde au sâteau des ducs de Zouarre! Zi zi, ze vous montre la lettre qu'elle a écrite: z'est une femme, même zi elle est Capitaine, et elle zera un peu en retard car elle ne zait pas quoi soizir comme tenue. Pfffff, comme z'il fallait une éternité poir soizir des vêtements! Puis tout bas dans l'oreille de Cortès tu peux me dezendre ze penze.

Et le mini Sparfel, campé fièrement sur ses gambettes de chevalier en devenir, sortit la lettre écrite par sa maman chérie d'amour, ça, elle ne doit pas le savoir sinon elle en profitera pour qu'il lui obéisse alors qu'il a envie de faire autre chose.

Tenez zieur Garde, z'est la lettre pour dire qu'on vient pour la zérémonie

Spoiler:

Pendant que le garde lisait la lettre, longue car sa mère ne savait jamais expliqué les choses en quelques mots, il réussit à échapper à la vigilance de Cortès et en profita pour filer vers le carrosse tout près: il toqua à la porte et lança un tonitruant
Il y a quelqu'un??? Si vous zêtes là pour la zérémonie, venez vite, il y a le garde qui est là pour ouvrir la grille! Il est un peu vieux donc zi on peut entrez enzemble dans le sâteau ce zerait mieux pour lui.
Une hésitation et un poil plus tard: Dites??? Ezt-ze que Victoire est là??? Z'est ma prinzesse d'amour!!!
Comme il n'y a pas de réponse immédiate, il reprend: ze file dire au garde d'attendre avant de fermer la grille!

Et le voilà regalopant en sens inverse pour claironner:

Zieur garde!!! Y a un carrosse d'une dussesse, z'en zuis zûr, qui est là auzi pour la zérémonie. Z'ai dit aux zens de venir en même temps que nous. Za ne vous zêne pas?


Sourire "colgate" manque plus que l'oeillet rouge, mais ce n'est pas encore la saison, pour faire craquer le garde. Avec sa mère ça marche tout le temps ainsi qu'avec SA Victoire, donc pas de raison que ce ne soit pas le cas ici non plus^^

[Pendant ce temps... à Maizières]

Il y a des jours où elle regrettait d'être mère, cela ne durait pas longtemps heureusement, mais depuis peu son rejeton d'amour avait le don de l'agacer le tout en lui offrant ses plus beaux sourires de chevalier en herbe. Sourires auxquels elle éprouvait les pires difficultés de résister. Quelle idée lui était-il passée par la tête de lui parler de la fameuse cérémonie de vassalité à Jouarre??? Elle était tellement heureuse pour ses amis d'Airain qu'elle en avait fait part à sa maisonnée et bien entendu Arthur trépignait pour l'accompagner sous prétexte de s'exercer au métier de chevalier servant... ben voyons, on y croit, hein! D'autant qu'elle se rappelait bien avoir annoncé que Victoire, la belle Victoire, duchesse des meringues, assisterait également aux festivités. Et depuis, elle avait un mini Ar Sparfel complètement excité, sautillant partout dans la demeure, soûlant Florine et Corbin au sujet de SA belle princesse.
Donc, pour avoir enfin la paix, Hersent céda aux prières, à la limite de l'injonction, de son fils. Cerise sur le gâteau, le jeune homme étant un brin impatient, comme tous les amoureux transis, il n'avait pas voulu attendre sa mère, qui à son goût tardait à choisir LA tenue adaptée à ce moment important. Afin de pouvoir s'apprêter dans le calme, elle finit par envoyé son mini chevalier servant en éclaireur, flanqué de l'inamovible Cortès.

La paix et la sérénité revenue enfin à Maizières, Hersent put prendre son temps pour choisir parmi ses robes celle qui aurait l'heur de lui plaire. Il y en avait une qu'elle n'avait encore jamais mise en public et si elle souhaitait l'étrenner, l'hiver touchant à sa fin, c'était l'occasion ou jamais. D'autant que cette tenue était griffée par la divinissime Clarinha, le grands mestre couturier qui avait formé son amie Klouska.
Sourire aux lèvres, elle sortit de sa garde-robe, la tenue hivernale qui y dormait depuis trop longtemps. Mais, les temps troublés avaient éloigné les festivités et les sorties sauf celles sur les champs de bataille où elle était vêtue de tout sauf de dentelles, soieries et autres tissus précieux. Elle serait flamboyante aujourd'hui dans cette couleur rouge, rehaussant le jais de sa chevelure et le noir de ses iris.
Elle s'apprêta donc vivement, Florine nattant avec art et soin ses longs cheveux: l'Ar Sparfel était enfin prête.

[Devant les grilles du château de Jouarre]

Le carrosse avait été préparé, Korrigan avait râlé car n'était pas de la fête: il devait se reposer entre deux tournois de joutes et de longues marches dans la campagne bourguignonne. Les écuries de Maizières abritaient de beaux chevaux de coche et c'est en charmant équipage que Hersent arriva devant les grilles du château qui s'ouvraient devant son mini chevalier servant, juché sur Gabier.
Elle passa la tête par la fenêtre de la voiture et héla son fils:

Arrrthurrr!!!! Attends moi je te prie! N'oublie pas que tu es mon chevalier servant en ce jour très particulier, et un chevalier servant se doit d'être à cheval près du carrosse de sa dame! Sourire "brite" maternel, à charmeur charmeuse et demi... les chats ne faisant pas des chiens Aussi, très cher, vous serai-je obligée de vous avoir à mes côtés pour gagner le perron du château des Ducs de Jouarre. Et, n'oubliez pas très cher, qu'un chevalier servant ne refuse rien à sa dame et surtout l'escorte en souriant de fierté! Et toc, nomého, pas parce que l'héritier a cinq ans qu'il doit se croire déjà homme! Par le Grand Macaron, elle était encore sa mère et avait autorité sur lui jusqu'à sa majorité, qui arriverait bien trop tôt, forcément.

Au passage, elle salua le garde, ce cher Aldric, qu'elle connaissait pour venir relativement souvent à Jouarre afin de préparer avec le Duc les missions du Guet Royal.

Le bonjour cher Aldric! Je vois que vous avez fait connaissance avec mon fils, Arthur. A-t-il été poli au moins lorsqu'il s'est présenté??? Je lui avait fait la leçon et écrit une lettre d'introduction afin qu'on ne le prenne pas pour un petit drôle.

Et le convoi Ar Sparfel de prendre la direction du château dont on pouvait apercevoir les flèches au loin. Elle était heureuse pour mille et une raisons et cela se lisait sur son visage épanoui et rieur.

Pas de chance, il pensait avoir un peu plus de temps pour plastronner et paf! sa mère débarque en carrosse plus tôt qu'il ne le pensait. Par Aristote, ces femmes: on croit qu'elles lambinent pour se préparer, elles font genre "je n'ai plus rien à me mettre, faut que je choisisse dans ma garde-robe" alors on se dit qu'elles en auront pour des sabliers entiers à se décider, aussi fait-on des pieds et des mains pour avoir l'autorisation de partir avant. Et ben non! Au moment où, tout fier d'avoir sans doute trouvé où se cachait SA princesse des meringues, il revenait vers le garde pour se pavaner en chevalier en herbe qu'il était, il entend le bruit d'un carrosse et surtout, la douce voix maternelle, à croire qu'elle avait exprès de prétexter qu'elle avait du mal à choisir alors qu'en réalité, elle savait depuis longtemps ce qu'elle porterait pour cette occasion:

Arrrthurrr!!!! Attends moi je te prie!

Et sa mère de lui rappeler les usages de la chevalerie, et patati et patata, elle était lancée, rien ne pouvait l'arrêter. Si, il savait ce qui pouvait l'arrêter mais il avait mangé tous les macarons de sa réserve de voyage. Et pourquoi n'y avait-il jamais d'âme secourable quand sa mère le coinçait ainsi??? Le pire c'est qu'elle usait des mêmes armes que lui: son sourire désarmant, son regard pétillant de tendresse maternelle auxquels il ne pouvait jamais longtemps résister. Pauvre de lui! Soudain, une idée lumineuse jaillit:

Oui, oui, Mère, ze zerai votre sevalier zervant pendant la zérémonie sauf si Victoire est là alors sa mère pourra toujours courir pour qu'il reste à ses côtés à lui faire la conversation, un début de révolte enfantine??? Sans doute. Au fait, Mère, avez-vous penzé aux cadeaux que nous devons remettre aux zeureux nouveaux Dames et Mezires? Un vague espoir que sa mère ait eu l'étourderie de laisser à Maizières les divers paquets préparés. Espoir de très courte durée au vu de l'air réjoui de sa chère maman, très fière d'avoir réussi à trouver un présent pour chaque personne. Comme elle était venue en carrosse, non seulement elle avait une jolie tenue mais en plus elle avait tous les cadeaux!

Un regard désemparé vers Cortès qui faisait son possible pour ne pas rire en le voyant déconfit, puis reprenant son allant, il talonna Gabier pour que le jeune frison le porte à hauteur du carrosse seigneurial.

Dis... Maman... tu zais quoi??? Il porte son regard de petit bout d'homme sur la brune aux yeux en amande qui lui avait donné le jour dans la douleur, elle a une tenue qui lui sied à merveille, comme toutes ses tenues d'ailleurs. Il ne comprenait pas pourquoi elle était toujours seule dans la vie, normalement elle aurait du avoir une cour de beaux seigneurs à ses pieds. Peut-être les hommes n'aimaient-ils pas les femmes aux yeux en amande, aux pommette saillantes et aux traits exotiques? Tu zais quoi? Ze te trouve crès en beauté. Le rouze te zied à ravir, zi, zi, ze te zure zur la tête de Victoire! Un instant, la scène lui en rappela une autre, c'était il y a longtemps, il était encore petit et voyageait avec sa mère, Sarah et un autre petit garçon et un homme chevauchait à hauteur du carrosse... comme lui en ce moment. Il ne se souvenait plus du visage masculin, un autre se superposait à ce dernier et cet autre lui plaisait beaucoup. Mais il avait peur de prendre ses rêves pour des réalités et d'être déçu ensuite. Il revint au moment présent et dit:

Zente Dame, zouffrez que ze vous ezcorte zusqu'au perron du sâteau des Ducs de Zouarre. Mon épée est à votre zervice et ze pour toute la vie.

L'équipage seigneurial s'approchait du château ducal et des festivités. Y aurait-il des macraons, des meringues et des biscuits au buffet? Y aurait-il Anthonin et Adrian?? Et le fils de Wendy, l'amie de sa mère??? Tant de questions dans la tête d'un bout d'homme haut comme au moins six pommes.